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Pour les botanistes en herbe...

Photo du rédacteur: Thibaud SuriniThibaud Surini

Pour aborder le thème de l'écriture ludique, retrouvez ici un texte où la forme est sûrement plus intéressante que le fond. En effet, dans l'histoire ci-dessous se cachent près de 80 noms de plantes et arbres que j'ai sournoisement dissimulés. Par exemple, dans la première phrase, on retrouvera "Hêtre", "Charme", "Peuplier" et "Bouleau". Qu'ils soient sur un seul mot ou sur plusieurs syllabes consécutives, saurez-vous retrouver les suivants ?


On dit que « le menuisier est un être plein de charme qui ne peut plier sous le boulot ». Il doit alors avoir l’auréole d’un saint, la force de l’incroyable Hulk ou du Centaure et une sagesse énorme. Et, même s’il gagne peu, c’est dans l’espoir d’avoir une prime vers la fin du mois qu’il est prêt à se noyer sous le travail.

Mais, si personne ne le freine, aïe, aïe, aïe… On est sûr au moins que son travail continue, mais il empire : les meubles sont toujours entiers, mais les bords sont mal faits. De même, il rentre presque dans un état d’hypnose : son activité pulmonaire est lente, son iris moins vive et il risque non seulement d’aller pisser à côté de la cuvette, mais surtout de faire une bourde énorme.


Or, qui décide de lui donner tant de labeur, le privant de retrouver son amante, impatiente de le revoir ? A-t-il le temps de faire des repas nutritifs, ou doit-il se contenter chaque jour, d’un déjeuner à base de, encore, nouilles et pain rassis ? Peut-il se permettre de siroter un cocktail de tequila ou un perrier-violette accompagné de doux glaçons ?


Je n’ai pas les réponses à ces questions, même si je n’en ai jamais été aussi près : certains épièrent l’attitude des menuisiers pour trouver le responsable de cette vie hors normes. On s’est alors tous retrouvé dans une ville italienne, non pas Turin, mais bien à Rome, pour qu’on soude nos opinions sur la question.

Certains pensent et affirment que ces artisans sont les seuls à s’enchaîner à leur atelier, volontairement. Et même la conscience de leur état ramolli n’y changerait rien. Je ne croyais pas à cette version, et la mienne était toute autre.

Il est dit qu’un escroc fut, l’ère d’un temps, maître de ces menuisiers. Comme ces derniers ne s’allièrent pas pour se rebeller, il en tirait pleinement profit. Si l'énergumène, ce fou, gère toujours la vie des autres avec autant de brio, ne faut-il pas le démasquer ? Avait-il un air brun ou était-ce un voyou blond ? Que faisait-il comme métier ? Était-ce une pervenche ou un maigre moine insoupçonnable ? À jongler entre toutes ces suppositions, difficile d’avancer !


Même si je n’en suis qu’au palmarès d’un détective débutant, j’avais bien l’intention de l’envoyer chez les flics en colis express. Mais, l’aisance avec laquelle je résous les affaires est très aléatoire ; je devais donc travailler avec ces policiers. Ils analyseront ses empreintes digitales pour connaître son identité, et l’affaire sera close.

Voilà pourquoi j’insiste tant sur cette histoire, qui n’allèche pourtant pas les enquêteurs : le commissaire en chef cire ses pompes, ou joue de la guitare constamment, sans s’investir davantage. J’étais allé le voir pour lui en parler, et voici ce qu’il m’a répondu : « Cherche dans tes informations, tu y as sûrement tout ce qu’il te faut, et tu seras prêt, le temps venu, à résoudre cette enquête seul. »

Je ne pouvais même pas compter sur mes collègues italiens, qui, tels que je les connais, iront se prendre une cuite plutôt que de m’aider. J’aurais aussi préféré, mais liqueur et neurones ne font pas bon ménage. J’en suis donc resté à l’eau plate à neuf degrés… Celsius !


Bref, j’étais abandonné dans ce flou interstellaire, avec mes seules compétences pour m’en sortir. J’étais déjà ceinture verte de judo, mais cela ne m’avancerait pas à grand chose. J’étais né aussi avec une certaine jugeote, que je solliciterais bien plus pour avancer.

Il ne me reste donc plus qu’à enquêter, chez moi ou caché derrière un buisson, à attendre que se cale une preuve ou que fuse un suspect idéal.

Mais, restant dans l’ombre, traquant chez moi le moindre indice, personne ne viendrait m’aider, pas même le Saint Patron des Menuisiers…




Crédits photos : Image par Michel Rohan de Pixabay

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